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Chapitre IV : LES DETERMINATIFS La catégorie des déterminatifs joue un grand rôle en Kotava. En effet, c’est en grande partie à partir d’eux qu’est construite la langue vivante par le locuteur. On range dans la catégorie des déterminatifs tous les mots qui servent à qualifier et déterminer un substantif. Cependant, ils peuvent également avoir une existence et un emploi syntaxique autonome (cf. chap. XII La démonstrativité absolue). Les déterminatifs comprennent donc : - les adjectifs (qualificatifs, indéfinis, possessifs, articles, etc.) - les numéraux Un déterminatif s’euphonise obligatoirement avec le substantif ou le pronom qu’il qualifie et, généralement, le précède immédiatement dans la phrase.
A : Les adjectifs Les adjectifs sont des mots qui qualifient un substantif ou un pronom. En Kotava, les adjectifs sont de deux sortes : les adjectifs originels (ou non dérivés) et les adjectifs dérivés.
1) Les adjectifs originels Ils font partie du lexique de base. Il en existe cinq catégories : a) Les adjectifs qualificatifs Ils sont très nombreux, mais sont tout à fait reconnaissables grâce à leur terminaison caractéristique et exclusive. Celle-ci est en « -f », obligatoirement précédée d’une voyelle (laquelle sera dans 90% des cas un « a ». Le radical de l’adjectif –notion essentielle en Kotava– ne comprend donc pas la terminaison caractéristique en « -af » ou « -f » simple si la voyelle précédente n’est pas « -a ». Ex : le radical de kiewaf (bon) --> KIEW solwif (distinct) --> SOLWI laof (hardi) --> LAO klaaf (âgé) --> KLA Selon la règle de l’euphonie, on trouvera donc par exemple : listafa mona (une jolie maison) batakafi sveri (un oiseau blanc) sumefo vo (le pays natal lointain) aftafu sfiannu (un rhumatisme aigu) afif bitej (une étoile lumineuse)
b) Les adjectifs indéfinis Ils sont au nombre de 15 et leur particularité réside dans leur forme dérogeante. En effet, ils ne possèdent pas la terminaison caractéristique des adjectifs et sont réduits à leur état radical. Toutefois, hormis cette particularité morphologique, ce sont des adjectifs à part entière. Ils sont d’ailleurs soumis, tout comme tous les adjectifs et déterminatifs en général, à la règle de la référence euphonique avec désinence vocalique. Ce sont :
c) Les adjectifs démonstratifs Ils sont au nombre de deux. Ce sont :
Dans une énumération, une opposition, « bat » servira de premier terme et « ban » de second.
d) L’adjectif interrogatif Il est unique. Il s’agit de :
e) Les articles En Kotava, les articles sont considérés comme les adjectifs. Leur emploi n’est pas du tout obligatoire, sauf dans certaines circonstances précises. C’est ainsi que l’article défini est requis dans la formation des superlatifs et des pronoms possessifs. Par contre, l’article indéfini est d’un emploi limité.
2) Les adjectifs dérivés Tous les mots appartenant dans le tableau morphologique aux catégories 1 et 4 peuvent fabriquer des adjectifs qui seront appelés dérivés. Nous distinguerons les adjectifs verbaux et les autres. a) Les adjectifs dérivés de substantif, de préposition, etc. Ils se forment par l’intermédiaire du suffixe adjectivant « -af », directement sur le radical. Si celui-ci est terminé par une voyelle autre que « -a », le suffixe devient simplement « -f ». Ex : tawava (terre) --> tawavaf (terrestre) zubi (contrat) --> zubif (contractuel) molt (port --> moltaf (portuaire) koe (dans) --> koef (intérieur) patctoy (paysage) --> patctoyaf (paysagiste)
b) Les adjectifs possessifs Les adjectifs possessifs sont dérivés des pronoms personnels, auxquels on a ajouté la terminaison caractéristique. Ce sont :
De plus, il existe deux autres adjectifs possessifs : - adjectif possessif réfléchi : « intaf », tiré du pronom personnel réfléchi. Il fait double emploi avec ceux ci-dessus aux 1ères, 2èmes et 4ème personnes, mais aux 3èmes il se rapporte au sujet, alors que « inaf » et « sinaf » concernent des tiers. - adjectif possessif réciproque : « sintaf », tiré du pronom personnel réciproque.
c) Les adjectifs verbaux Il s’agit là en fait des participes employés en tant et en fonction d’adjectifs. Tous les participes sont susceptibles d’avoir cette utilisation. On rencontre donc des adjectifs verbaux actifs (à suffixe « –s »), à valeur de présent, de passé ou de futur et des adjectifs verbaux passifs (suffixe « -n »). cf. chap. III : le participe.
3) Les adjectifs dérivés On appelle degrés de l’adjectif les comparatifs et les superlatifs. a) Les comparatifs Tous les adjectifs qualificatifs, possessifs et verbaux sont susceptibles de former des comparatifs. Il existe trois sortes de comparatifs : de supériorité, d’égalité et d’infériorité. Les comparatifs se construisent au moyen de préfixes : - supériorité : lo- (lod- pour les adjectifs à voyelle initiale) - égalité : li- (lid- pour les adjectifs à voyelle initiale) - infériorité : le- (led- pour les adjectifs à voyelle initiale) Ex : mantaf (large) --> lomantaf (plus large) --> limantaf (aussi large) --> lemantaf (moins large) alban (aimé) --> lodalban (plus aimé) --> lidalban (aussi aimé) --> ledalban (moins aimé) Par ailleurs, il est possible de doter les comparatifs d’une notion de progressivité, par redoublement du préfixe comparatif. Ex : mantaf (large) --> lolomantaf (de plus en plus large) --> lelemantaf (de moins en moins large) alban (aimé) --> lolodalban (de plus en plus aimé) --> leledalban (de moins en moins aimé) Pour relier un comparatif au mot comparé, on utilise la conjonction « dam » (que). Ex : Karen tir lolistaf dam Staren (Karen est plus belle que Staren)
b) Les superlatifs Les superlatifs ne sont en fait qu’une forme seconde des comparatifs. Ils sont construits à partir des comparatifs que l’on fait précéder de l’article défini. Logiquement, le superlatif d’égalité n’existe pas, bien que son impossibilité sémantique ne soit pas établie. Ex : tel lomantaf (le plus, la plus large) tel lemantaf (le moins, la moins large) Le complément du superlatif est introduit par la préposition « ke » (de). Ex : Moden tir tel lolistaf ke pula (Moden est plus le beau de la classe)
4) L’adjectif épithète L’adjectif en position épithète s’euphonise avec le substantif ou le pronom auquel il se rapporte. Ex : va listafa mona in digir (il possède une belle maison) bat gijaf is listaf aal (ce grand et bel arbre) va tele listafe blujte in burer (il porte le bel habit) L’adjectif épithète se place en règle générale immédiatement avant le nom qu’il qualifie. L’adjectif épithète ne peut qualifier qu’un seul nom à la fois, sauf emploi distributif des conjonctions de liaison.
5) L’adjectif attribut L’adjectif en position d’attribut s’euphonise avec mot qu’il qualifie, mais ne peut en aucun cas être suivi de la particule plurialisatrice. Ex : bat okol se tid listaf (ces chevaux sont beaux) Bate blujte se tid listafe (ces habits sont jolis) L’adjectif attribut dit absolu ressort de la règle de la démonstrativité. C’est l’adjectif attribut utilisé dans l’absolu et qui ne se rapporte à aucun objet déterminé précisément, expressément. Un adjectif attribut absolu omet l’emploi du verbe « ti » (être). Mais il est toujours euphonisé avec la désinence « -a » car reprenant en sous-entendu un pronom à base « -coba ». Ex : c’est beau = batcoba tir listafa, ou simplement = listafa c’est large = batcoba tir mantafa, ou simplement = mantafa
B : Les numéraux 1) La notion de racine En Kotava, il existe deux sortes de numéraux : les cardinaux et les ordinaux. Chaque numéral possède un cardinal et un ordinal. Ceux-ci sont formés sur le même radical commun. Le Kotava ayant un système à base décimale, tous les numéraux sont dérivés de 16 racines numérales de base.
2) Les racines numérales de base Elles sont donc au nombre de 21 (dont 5 pour les très grands nombres). A partir d’elles, par composition, on peut construire tous les autres chiffres. Ces racines numérales de base sont :
Il convient de signaler qu’il existe également la racine du nombre nul, lequel n’intervient en aucun cas dans la composition des autres numéraux : 0 ned-
3) L’expression des numéraux a) Les cardinaux Les nombres cardinaux se forment par l’intermédiaire du suffixe caractéristique « -oy » que l’on adjoint au radical du numéral. Ex : un = tanoy (tan + -oy) huit = anhustoy (anhust + -oy) Comme tous les adjectifs, les cardinaux s’euphonisent avec le substantif ou le pronom qualifié. Ex : decemoy aal (se) (cent arbres)* aluboya mona (se) (cinq maisons)* baroye blujte (se) (trois habits)* * La marque du pluriel (particule « se » ou « yo ») est facultative, dans la mesure où le numéral exprime déjà la notion de pluralité.
b) Les ordinaux Les nombres ordinaux se forment par l’intermédiaire du suffixe caractéristique « -eaf » que l’on adjoint au radical du numéral. Ex : premier = taneaf (tan + -eaf) huitième = anhusteaf (anhust + -eaf) Les ordinaux tout comme les cardinaux s’euphonisent avec le substantif ou le pronom qualifié.
4) La composition des numéraux En Kotava, hormis les 21 racines numérales de base, tous les autres numéraux sont formés par composition. Le système numéral est décimal. Tout nombre situé à gauche d’un numéral en base 10 (san, decem, decit, kun, vunt, celem, felem, etc.) multiplie ce dernier, et tout nombre à droite s’y additionne. Dans un numéral composé, seul le dernier terme reçoit le suffixe caractéristique, cardinal ou ordinal, les autres restant à l’état radical. Les divers éléments sont séparés par des tirets. Ex : 12 = san-toloy (10+2) (ou tan-san-toloy : 1x10+2) * 20 = tol-sanoy (2x10) 22 = tol-san-toloy ((2x10)+2) 458 = balem-decem-alub-san-anhustoy ((4x100)+(5x10)+8) 345560779 = bar-decem-balem-san-alub-celem-alub-vunt-tev-kun-per-decem-per-san-lerdoy [(((3x100)+(4x10)+5)x1000000)+(5x100000)+(6x10000)+ (7x100)+ (7x10)+9] * Dans les composés faisant normalement appel en premier terme à « tan » (un), il est possible de l’omettre, la racine en base 10 qui suit étant suffisamment explicite. Ex : 15 = tan-san-aluboy (ou san-aluboy) 115 = tan-decem-tan-san-aluboy (ou decem-san-aluboy) 1115 = tan-decit-tan-decem-tan-san-aluboy (ou decit-decem-san-aluboy) Les chiffres négatifs utilisent le préfixe total « vol- » sur le numéral. Ex : -15 = voltan-san-aluboy (ou volsan-aluboy) -115 = voltan-decem-tan-san-aluboy (ou voldecem-san-aluboy) -1115 = voltan-decit-tan-decem-tan-san-aluboy (ou voldecit-decem-san-aluboy)
5) Les expressions de calcul Dans les expressions de calcul, seul le premier ou le principal terme prend la marque cardinale ou ordinale, les autres éléments restant à leur état radical. Pour exprimer le mot « = », on utilise : dum (comme) « + » do (avec) « - » bas (de, tiré de) « x » jon (multiplié par) « / » fuxe (sur, par rapport à) Ex : 3 + 4 = 7 : bar do balemoy dum peroy 4 - 3 = 1 : balemoy bas bar dum tanoy 3 x 4 = 12: bar jon balemoy dum tan-san-toloy 9 / 3 = 3 : lerd fuxe baroy dum baroy Autres expressions : Pour exprimer le mot « , », on utilise : u (point) « n » eka (degré, puissance) « V » zae (racine) « %» fuxe decem (sur 100) Ex : 3,3 = baroy u bar * 15,6 = san-aluboy u tev 34 = baroy eka balem 3V4 = baroy zae balem 3% = baroy fuxe decem 3% de 50 = baroy fuxe decem kapbure alub-sanoy * Seul l’élément principal reçoit le suffixe.
6) Les affixes numéraux Il existe en Kotava un certain nombre d’affixes (préfixes et suffixes) permettant, à partir d’un radical numéral de former des expressions ou des dérivés numéraux, en gardant toujours à l’esprit qu’un numéral cardinal ou ordinal reste avant tout un déterminatif et donc est susceptible de recevoir tout affixe de déterminatif. (cf. infra chap. X, Les affixes). Les principaux affixes spécifiques sont :
Exemples d’expressions numérales : bar- (trois) baroy (trois) bareaf (troisième) --> bareaca (un tiers) --> bareon (troisièmement) baron (trois fois) bara (trio, tiercé, groupe de trois) barda (triennat, période de trois années) --> bardaf (âgé de trois ans, triennal) barka (triade, période de trois jours) --> barkaf (âgé de trois jours) jonbaraf (triple) --> jonbaron ((multiplié) par trois) fuxebaraf (divisé par trois, tiers) --> jonbaron ((divisé) par tiers) barbaron (trois par trois) |
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