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Les verbes

 

 

 

Chapitre III : LES VERBES

Le système verbal est le pivot du Kotava. Il s’agit d’ailleurs là de la partie la plus complexe de tout l’ensemble, mais davantage sur un plan syntaxique que morphologique. Morphologiquement, une forme verbale se reconnaît au premier coup d’oeil. Dans les dictionnaires, les verbes sont classés à leur état radical, lequel correspond à la 1ère personne du singulier du mode indicatif (aspect effectif, voix active, temps présent). Le Kotava ne connaît en effet pas de véritable infinitif et ne possède qu’un nom verbal.

En Kotava, une forme verbale est constituée de huit éléments au minimum :

-    indication de l’aspect : effectif, possibilitif, obligatif, volontatif, capacitatif, factitif

-    indication de la voix : active, passive, réfléchie, réciproque

-    indication du mode : indicatif, conditionnel, impératif, participe

-    indication du temps : présent, passé, futur

-    indication du sens : duratif, antérieur, postérieur, instantané, avenir lié, achevé lié, inchoatif, terminatif

-    indication de l’état : positif, affirmatif, incertain, négatif, contraritif

-    indication de la personne : 1ère, 2ème, 3ème du singulier, 1ère, 2ème, 3ème, 4ème du pluriel

-    radical du verbe

Par ailleurs, il est possible de rencontrer un certain nombre de suffixes (suffixe total, suffixe intransitivant).

 

A : Le radical du verbe

Le radical  (notion à ne pas confondre avec celle de la racine) est la forme minimale du verbe.

Un radical verbal se caractérise obligatoirement par une terminaison caractéristique en –á, -é, -í ou –ú. C’est à partir de ce radical (sans l’accent, marque de la 1ère personne du singulier) que seront construites toutes les autres formes et même les dérivés verbaux.

      Ex. de radicaux : VEFA (jouer), présent sous la forme vefá (je joue) dans les dictionnaires

                              STUTE (danser) --> stuté (je danse)

                             ASKI (faire) --> askí (je fais)

                             PLEKU (mettre) plekú (je mets)

 

B : Les personnes

L’indication de la personne se fait au moyen de désinences personnelles. Celles-ci sont absolues et ne souffrent aucune exception. Elles restent toujours les mêmes, quels que soient l’aspect, le mode (sauf le participe), le temps ou encore l’état.

            1ère personne du singulier  : radical + (accent)

            2ème personne du singulier : radical + l

            3ème personne du singulier : radical + r

            1ère  personne du pluriel    :  radical + t

            2ème personne du pluriel    :  radical + c

            3ème personne du pluriel    :  radical + d

            4ème personne du pluriel    :  radical + v

Exemple de verbe conjugué (aspect effectif, voix active, mode indicatif, temps présent, sens duratif, état positif) :

TI (être) ; ROJU (défendre)

jin tí

(je suis)

jin rojú

(je défends)

rin til

(tu es)

rin rojul

(tu défends)

 in tir

(il est)

 in rojur

(il défend)

min tit

(nous sommes)

min rojut

(nous défendons)

win tic

(vous êtes)

win rojuc

(vous défendez)

sin tid

(ils sont)

sin rojud

(ils défendent)

cin tiv

(nous sommes)

cin rojuv

(nous défendons)

 

C : Les états

Le Kotava connaît cinq états :

- Positif : c’est l’état normal, habituel, indiquant simplement qu’une action est, qu’elle se déroule.

- Affirmatif : c’est un positif renforcé, insistant sur la réalisation de l’action, la notion de « vraiment ».

- Incertain : c’est la notion du « peut être », de l’éventuel.

- Négatif : c’est l’inverse du positif. Une action ne se déroule pas, n’a pas lieu, sans insistance particulière.

- Contraritif : c’est le contraire du positif et surtout de l’affirmatif. Une action ne se déroule pas, n’a pas lieu et tout est fait pour que justement elle ne se réalise pas.

 

1)    Le positif

Il s’agit là de l’état normal. Une action a lieu, simplement.

En Kotava, l’état positif est implicite, c’est à dire qu’il ne se caractérise par aucune marque particulière.

            Ex :      jin estú (je mange)

                        koe Paris jin irubá (je vis à Paris)

                        va sumewisiki in wir (il regarde la télévision)

                        va in rin kiavakalil (tu lui dis bonjour)

 

2)    L’affirmatif

Il s’agit d’un positif renforcé, qui insiste sur la notion de réalisation de l’action, sur le fait qu’elle se produise, qu’elle se réalise vraiment.

L’état affirmatif fait appel à l’adverbe « en », lequel utilisé seul signifie « oui ».

            Ex :      jin en estú (je mange vraiment)

                       koe Paris jin en irubá (je vis réellement à Paris)

                       va in rin en kiavakalil (tu lui dis bonjour sans détours)

 

3)    L’incertain

C’est l’état de ce qui est éventuel, possible, incertain, de ce qui se fait ou a peut être lieu, sans qu’on en ait une idée certaine.

L’état incertain fait appel à l’adverbe « rotir » qui employé seul signifie « peut être, éventuellement, il se peut ».

            Ex :      in rotir estur (il mange peut être)

                       koe Paris sin rotir irubad (ils habitent peut être Paris)

                       va sint rotir sin kiavakalid (ils se disent peut être bonjour)

 

4)    Le négatif

C’est l’état indiquant qu’une action ne se réalise pas, qu’un fait n’a pas lieu simplement.

Le Kotava utilise pour rendre la négation simple l’adverbe « me » qui employé seul signifie « non ».

            Ex :      jin me estú (je ne mange pas)

                       koe Paris jin me irubá (je n’habite pas à Paris)

                       va in rin me kiavakalil (tu ne lui dis pas bonjour)

A côté de cette négation simple, le Kotava connaît deux négations dérivées : « men » et « mea ».

a)     La négation antérieure

On appelle négation antérieure celle qui indique qu’une action n’a pas encore eu lieu, mais que, normalement, elle devrait se produire. Elle correspond à l’idée de « ne … pas … encore ».

La négation antérieure se rend par « men » (pas encore).

Ex :      koe Paris jin men irubá (je n’habite pas encore Paris)

           va sint sin  men kiavakalid (ils ne se disent pas encore bonjour)

b)     La négation postérieure

On appelle négation postérieure celle qui indique qu’une action vient de se produire, de se dérouler et quelle a cessé. Elle correspond à l’idée de « ne … plus ».

La négation antérieure se rend par « mea » (ne plus).

Ex :      koe Paris jin mea irubá (je n’habite plus à Paris)

                        va sint sin mea kiavakalid (ils ne se disent plus bonjour)

 

5)    Le contraritif

Le contraritif est une particularité originale du Kotava. Cet état indique non seulement qu’une action n’a pas eu lieu, ne se réalise pas, mais aussi que tout est mis justement en œuvre pour que cela ne se passe pas.

Le contraritif utilise l’adverbe « vol » qui employé seul signifie « au contraire ».

Ex :      jin vol estú (je fais tout pour ne pas manger)

                       va sint sin vol kiavakalid (ils font tout pour ne pas se dire bonjour)

 

D : Les temps

Le Kotava ne connaît que trois temps : présent, passé, futur

- Le présent est le temps qui sert à exprimer qu’une action a lieu, se réalise au moment où elle est énoncée.

Le présent est également utilisé pour indiquer qu’une action a lieu de façon habituelle, régulièrement.

- Le passé est le temps utilisé pour les actions passées, achevées.

- Le futur est utilisé pour exprimer qu’une action aura lieu, de façon relativement certaine.

Toutes les autres nuances que peuvent exprimer dans d’autres langues d’autres temps ou des temps composés sont souvent rendues au moyen du sens (cf. infra).

 

1)    Le présent

Le présent utilise, comme nous l’avons déjà vu (cf. supra), le radical du verbe, directement sans adjonction de suffixe temporel. Les désinences personnelles sont alors adjointes directement au radical

                  Ex : DANKA (chanter) ; DOLE (vendre)

jin danká

(je chante)

jin dolé

(je vends)

rin dankal

(tu chantes)

rin dolel

(tu vends)

 in dankar

(il chante)

 in doler

(il vend)

min dankat

(nous chantons)

min dolet

(nous vendons)

win dankac

(vous chantez)

win dolec

(vous vendez)

sin dankad

(ils chantent)

sin doled

(ils vendent)

cin dankav

(nous chantons)

cin dolev

(nous vendons)

 

2)    Le passé

Le passé se forme au moyen d’un suffixe spécifique qui vient s’intercaler entre le radical et les désinences personnelles (ainsi que la marque des participes).

Ce suffixe, à base « –y », comprend en fait quatre formes (sur le même principe que la référence euphonique) :

- ya : pour les verbes à voyelle radicale finale -a

- ye : pour les verbes à voyelle radicale finale -e

- yi  : pour les verbes à voyelle radicale finale -i

- yu : pour les verbes à voyelle radicale finale -u

                  Ex : DANKA (chanter) ; DOLE (vendre)

jin dankayá

(je chantais)

jin dole

(je vendais)

rin dankayal

(tu chantais)

rin doleyel

(tu vendais)

 in dankayar

(il chantait)

 in doleyer

(il vendait)

min dankayat

(nous chantions)

min doleyet

(nous vendions)

win dankayac

(vous chantiez)

win doleyec

(vous vendiez)

sin dankayad

(ils chantaient)

sin doleyed

(ils vendaient)

cin dankayav

(nous chantions)

cin doleyev

(nous vendions)

 

3)    Le futur

Le futur a une formation similaire à celle du passé, au moyen d’un suffixe intercalaire entre le radical et les désinences personnelles.

Ce suffixe, à base « –t », comprend en fait quatre formes :

- ta : pour les verbes à voyelle radicale finale- a

- te : pour les verbes à voyelle radicale finale -e

- ti  : pour les verbes à voyelle radicale finale -i

- tu : pour les verbes à voyelle radicale finale -u

                  Ex : FOLI (croire) ; ESTU (manger)

jin folití

(je croirai)

jin estutú

(je mangerai)

rin folitil

(tu croiras)

rin estutul

(tu mangeras)

 in folitir

(il croira)

 in estutur

(il mangera)

min folitit

(nous croirons)

min estutut

(nous mangerons)

win folitic

(vous croirez)

win estutuc

(vous mangerez)

sin folitid

(ils croiront)

sin estutud

(ils mangeront)

cin folitiv

(nous croirons)

cin estutuv

(nous mangerons)

 

E : Les sens

A côté des trois temps, le Kotava connaît, pour décliner toutes les notions de temporalité, un système original qui est celui des sens. Il existe huit sens :

-          Duratif simple

-          Antérieur

-          Postérieur

-          Instantané

-          Avenir lié

-          Achevé lié

-          Inchoatif

-          Terminatif

1)    Le duratif simple

Il s’agit du sens implicite d’un verbe. Il exprime que l’action du verbe a une certaine durée (contraire de l’instantané).

Etant le sens de base d’un verbe, le duratif simple ne fait donc pas appel à aucune forme particulière.

            Ex :      estuyú (je mangeais)

                       koe Paris irubal (tu vis à Paris)

2)    L’antérieur

Ce sens permet d’indiquer, tout en conservant la notion durative de base, qu’une action se déroule, s’est déroulée ou se déroulera juste avant une autre qui lui est en quelque sorte subordonnée.

En Français, ces notions sont notamment rendues par le passé composé, le passé antérieur et le futur antérieur.

Le sens antérieur fait appel à la particule invariable préposée « al ».

            Ex :      al ixam estú (j’ai déjà mangé ; sous entendu je suis maintenant prêt à faire autre chose)

                       va imwa se al doleyer abdi da piyir (il avait acheté des fleurs avant de venir)

                       al tandon awalketel (tu seras mort dans un an)

3)    Le postérieur

Ce sens, opposé à l’antérieur, permet d’indiquer qu’une action se déroule, s’est déroulée ou se déroulera immédiatement après et en relation avec une autre.

Le sens postérieur fait appel à la particule invariable préposée « di ».

            Ex :      di estú (je vais manger ; sous entendu suite à un fait particulier qui l’engendre)

                       va imwa se doleter aze di pitir (il achètera des fleurs et viendra (ensuite))

                       meldayal aze di awalketel (tu combattis à la bataille et en mourus)

4)    L’instantané

Ce sens permet d’indiquer que, contrairement à sa valeur durative normale, l’action du verbe s’achève instantanément, qu’elle n’est juste qu’un point dans le temps.

Le sens instantané fait appel à la particule invariable préposée « ve».

            Ex :      va finta ve disukel (tu regardes, tu jettes juste un coup d’œil à l’affiche)

                       va finta ve disukeyel (tu regardas, tu jetas juste un coup d’œil à l’affiche)

va finta ve disuketel (tu regarderas, tu jetteras juste un coup d’œil à l’affiche)

5)    L’achevé lié

L’achevé lié est un sens qui permet d’indiquer qu’une action vient, venait ou viendra juste de se dérouler, sans qu’il y ait subordination comme avec le sens antérieur, avec une autre action.

L’achevé lié se forme au moyen de la particule invariable préposée « su ».

            Ex :      su estú (je viens juste de manger)

                       va imwa se su doleyer (il venait juste d’acheter des fleurs)

                       su awalketel (tu viendras juste de mourir)

6)    L’avenir lié

L’avenir lié est l’opposé exact de l’achevé lié. Il permet d’indiquer qu’une action va, allait ou aura lieu de façon certaine, qu’elle est sur le point de se réaliser, sans là encore qu’il y ait de notion de subordination.

L’avenir lié utilise la particule invariable préposée « fu ».

            Ex :      fu estú (je vais, je suis sur le point de manger)

                       va imwa se fu doleyer (il allait, il était sur le point d’acheter des fleurs)

                       fu awalketel (tu seras sur le point de mourir)

7)    L’inchoatif

Ce sens permet d’indiquer qu’une action commence, commençait ou  commencera à se dérouler, à se réaliser.

L’inchoatif utilise la particule invariable préposée « toz ».

            Ex :      toz estú (je commence, je me mets à manger))

                       va imwa se toz doleyer (il se mettait à acheter des fleurs)

                       toz awalketel (tu commenceras à mourir, tu dépériras)

8)    Le terminatif

Ce sens est l’opposé exact de l’inchoatif. Il indique qu’une action est, était ou sera sur le point de se terminer, de s’achever.

Le terminatif fait appel à la particule invariable préposée « ten ».

            Ex :      ten estú (je termine, je finis de manger)

                       va imwa se ten doleyer (il s’arrêtait d’acheter des fleurs)

                       ten awalketel (tu achèveras ton agonie, tu rendras l’âme pour de bon)

 

F : Les modes

Le Kotava possède quatre modes :

-          Indicatif

-          Impératif

-          Conditionnel

-          Participe

 

1)    L’indicatif

Il s’agit du mode de base. Il est toujours, sauf indication contraire expresse, implicite et ne distingue donc par aucune marque particulière.

L’indicatif est le mode des faits certains et de la réalité. Il sert à marquer ce qui est, a été ou sera de façon certaine ou quasi-certaine.

Au travers des différents développements précédents (§ personnes, temps, sens, états) nous l’avons déjà amplement parcouru.

 

2)    L’impératif

C’est le mode de l’ordre (négativement de la défense) et, atténué, du souhait, du désir, de la prière.

En Kotava, contrairement à de nombreuses autres langues, c’est un mode complet qui compte notamment toutes les personnes et tous les temps. Il n’y a juste que vis-à-vis de son emploi avec l’état incertain qu’il puisse y avoir une certaine incompatibilité significative.

Le mode impératif est calqué sur le mode indicatif, avec comme différences :

- le non emploi absolu des pronoms personnels

- un phrasé exclamatif, nettement accentué. Aussi l’indication du point d’exclamation est-elle obligatoire dans un texte.

                        Ex :      KE (attendre)

                                   ké  !  (que j’attende !, attends ! (en s’adressant à soi même)

                                   kel !  (attends !)

                                   ker !  (qu’il attende !)

                                   ket !  (attendons !)

                                   kec !  (attendez !)

                                   ked !  (qu’ils attendent !)

                                   kev !  (attendons !)

 

                                   keté  !  (tu attendras ! (en s’adressant à soi même)

                                   ketel !  (tu attendras !)

                                   keter !  (il attendra !, il devra attendre !)

                                   ketet !  (nous attendrons !, nous devrons attendre !)

                                   ketec !  (vous attendrez !)

                                   keted !  (ils attendront !, ils devront attendre !)

                                   ketev !  (nous attendrons !)

 

3)    Le conditionnel

C’est le mode de l’éventualité, de l’incertitude. On l’emploie également pour marquer une hypothèse. Il est obligatoire après la conjonction « ede » (si) et dérivées « edeen », « edeme », « edevol ».

Le mode conditionnel est un mode complet, compatible avec tous les sens, tous les temps, tous les états et toutes le personnes.

Le mode conditionnel se distingue de l’indicatif par l’emploi d’une particule préfixe « co- ».

            Ex :      KE (attendre)

jin co-ké

(j’attendrais)

 

jin co-keyé

(j’aurais attendu)

rin co-kel

(tu attendrais)

 

rin co-keyel

(tu aurais attendu)

 in co-ker

(il attendrait)

 

 in co-keyer

(il aurait attendu)

min co-ket

(nous attendrions)

 

min co-keyet

(nous aurions attendu)

win co-kec

(vous attendriez)

 

win co-keyec

(vous auriez attendu)

sin  co-ked

(ils attendraient)

 

sin  co-keyed

(ils auraient attendu)

cin  co-kev

(nous attendrions)

 

cin  co-keyev

(nous aurions attendu)

 

4)    Le participe

Ce mode est assez particulier. C’est le seul qu’on puisse qualifier d’une certaine façon d’irrégulier.

Le participe remplit deux sortes de fonctions :

- une fonction modale pure, qui en fait une sorte de mode relatif, introduisant des subordonnées relatives

- former des adjectifs verbaux, actifs et passifs

Le participe comprend le participe actif et le participe passif.

a) Le participe actif

Tous les verbes possèdent le participe actif.

Le participe actif se construit sur le radical du verbe, auquel on adjoint le suffixe « –s ».

Ex :      ROJU (défendre) ; DOLE (vendre)           

rojus

(défendant)

 

doles

(vendant, qui vend)

rojuyus

(ayant défendu)

 

doleyes

(ayant vendu)

rojutus

(qui défendra)

 

doletes

(qui vendra)

Le participe actif peut être employé aux trois temps, aux huit sens et aux cinq états. Par contre il ne possède que sa seule forme caractéristique en lieu et places des sept personnes.

b) Le participe passif

Seuls les verbes transitifs (c'est-à-dire se construisant avec la préposition « va ») possèdent le participe passif.

Le participe passif se construit sur le radical du verbe, auquel on adjoint le suffixe « –n ».

Ex :      ROJU (défendre) ; DOLE (vendre)      

rojun

(défendu)

 

dolen

(vendu (en ce moment))

rojuyun

(ayant été défendu)

 

doleyen

(ayant été vendu)

rojutun

(qui sera défendu)

 

doleten

(qui sera vendu)

Le participe passif peut être employé aux trois temps, huit sens et aux cinq états. Par contre il ne possède que sa seule forme caractéristique en lieu et place des sept personnes.

c) Emploi modal des participes

En Kotava, les participes sont employés assez largement. Ils permettent d’introduire des propositions relatives

Le participe s’euphonise avec le nom ou le pronom qu’il représente. Le participe employé modalement est situé, sauf dans certains effets de style (inversions), après le syntagme représenté. Si ce dernier est affecté de la particule plurialisatrice, celle-ci est  alors fréquemment rejetée après.

           Ex :      korik estus va beg tir nik (la personne qui mange du pain est un ami)

                       Rojusik atayan se bak dilfura di batlize zo kotawayad (les défenseurs qui ont été tués pendant la bataille ont été enterrés ici)

                       Yikya pitisa titir listafa (la jeune fille qui viendra sera jolie)

Lorsque le participe est employé en apposition, il a alors une valeur explicative :

           Ex :      karvol, disukes va pisik se, otcer (le chat, regardant les gens qui viennent, se sauve)

                       Sveri, koribayani, me tir nuyafi (l’oiseau qui a été enfermé dans une cage n’est pas libre)

d) Les constructions gérondives

On appelle constructions gérondives les emplois modaux des adverbes participaux.

Les constructions gérondives servent à exprimer la simultanéité d’une action par rapport à une autre.

Le gérondif actif utilise l’adverbe participal actif.

           Ex :      in estuson pulvir (il parle tout en mangeant)

                       win ranheson kenibec (vous dormez debout)

Le gérondif passif utilise l’adverbe participal passif.

           Ex :      in disvenon dankar (il chante pendant qu’on l’observe)

                       rin tipokenon belil (tu lis pendant qu’on te rase)

 

G : Les voix

Le Kotava possède quatre voix :

-          Active

-          Passive

-          Réfléchie

-          Réciproque

 

1)    La voix active

Il s’agit de la voix implicite de tout verbe. De ce fait, elle ne se distingue par aucune marque particulière.

Tous les verbes possèdent donc la voix active. Elle permet l’expression du discours direct.

 

2)    La voix passive

La voix passive sert au discours indirect.

Seuls les verbes dits transitifs (c'est-à-dire qui se construisent avec la préposition « va »), admettant des compléments d’objet, possèdent la voix passive.

La voix passive utilise la particule invariable préposée « zo ».

Toutes les formes verbales sont susceptibles de se mettre à la forme passive, à l’exception du participe qui possède sa propre construction passive.

            Ex :      jin doalié (je combat)      à         jin zo doalié (je suis combattu)

                       rin foliyil (tu croyais)       à         rin zo foliyil (tu étais cru)

                       in rojutur (il défendra)      à         in zo rojutur (il sera défendu)

 

3)    La voix réfléchie

La voix réfléchie indique qu’une action est faite au profit de l’acteur lui-même.

Seuls les verbes dits transitifs (construisant des compléments d’objet, au moyen de la préposition « va »), possèdent la voix réfléchie.

Toutes les formes verbales sont susceptibles de se mettre à la forme réfléchie, y compris le participe actif.

La voix réfléchie se construit au moyen de la préposition « va » suivie du pronom personnel réfléchi : « va int ».

            Ex :      jin va int tcaté (je me lave)

                       in va int tipokeson dankar (il chante en se rasant)

                       koe situla rin va int disukel (tu te regardes dans la glace)

 

4)    La voix réciproque

La voix réciproque, qui fait appel à au moins deux acteurs, indique que l’action est faite par l’un des acteurs à destination de l’autre et inversement.

Seuls les verbes dits transitifs possèdent la voix réciproque.

Toutes les formes verbales sont susceptibles de se mettre à la forme réciproque, y compris le participe actif. Toutefois, du fait de la pluralité des acteurs, la voix réciproque ne peut être utilisée qu’aux personnes du pluriel.

La voix réfléchie se construit en faisant appel à la préposition « va » suivie du pronom personnel réciproque : « va sint ».

            Ex :      sin va sint disuked (ils se regardent l’un l’autre)

                       win va sint vliguyuc (vous vous méprisiez)

 

H : Les aspects

Le Kotava connaît six aspects :

-          Effectif

-          Possibilitif

-          Obligatif

-          Capacitatif

-          Volontatif

-          Factitif

 

1)    L’effectif

Il s’agit de l’aspect principal d’un verbe. L’aspect effectif est implicite, c'est-à-dire qu’il ne se distingue par aucune marque particulière. Une forme verbale nue sera toujours à l’effectif.

L’effectif est l’aspect de ce qui est, ce qui se fait, simplement.

L’effectif existe à toutes les formes verbales, par définition.

            Ex :      jin estú (je mange)

                       va rin in kiavakalir (il te dis bonjour)

                       va dlapafa neva rin beliyil (tu lisais un livre intéressant)

 

2)    Le possibilitif

Il s’agit de l’aspect par lequel on exprime qu’une action peut avoir lieu, qu’elle est possible. Notion de « pouvoir ».

Toutes les formes verbales sont susceptibles d’être affectées de l’aspect possibilitif.

Le possibilitif se forme au moyen d’un préfixe au radical verbal « ro(t)- ».         

* La forme du préfixe sera « ro- » si le radical verbal commence par une consonne ou une semi-voyelle. Par contre, cette forme sera « rot- » si celui-ci débute par une voyelle.

            Ex :      va bata imwa se jin rolusté (je peux acheter ces fleurs)

                       va bata imwa se in co-rolusteyer ede … (il aurait pu acheter ces fleurs si …)

                       bata  rotalbatana gan rin neva (ce livre que tu pourras aimer)

 

3)    L’obligatif

Il s’agit de l’aspect par lequel on exprime qu’une action doit être réalisée, qu’il est nécessaire de la mettre en oeuvre. Notion de « devoir ».

Toutes les formes verbales sont susceptibles d’être affectées de l’aspect obligatif.

L’obligatif se forme au moyen d’un préfixe au radical verbal « go(n)- ».

* La forme du préfixe sera « go- » si le radical verbal commence par une consonne ou une semi-voyelle. Par contre, cette forme sera « gon- » si celui-ci débute par une voyelle.

            Ex :      va bata imwa se golusté (je dois acheter ces fleurs)

                       ko Paris golapil (il faudra que tu ailles à Paris)

                       va bata neva gonalbad (il leur faut aimer ce livre)

 

4)    Le capacitatif

Il s’agit de l’aspect par lequel on exprime qu’on est capable, que l’on sait faire telle chose. Notion de « savoir ».

Toutes les formes verbales sont susceptibles d’être affectées de l’aspect capacitatif.

Le capacitatif se forme au moyen d’un préfixe au radical verbal « gru(p)- ».           

* La forme du préfixe sera « gru- » si le radical verbal commence par une consonne ou une semi-voyelle. Par contre, cette forme sera « grup- » si celui-ci débute par une voyelle.

            Ex :      jin grupujé (je sais nager)

                       va 50 km rin vielon grupartlaniyil (tu étais capable de parcourir 50 km à pied par jour)

                       va rinafa trakura in grudiepiler (il est capable de lire dans vos pensées)

 

5)    Le volontatif

Il s’agit de l’aspect par lequel on indique que l’on veut faire telle action. Notion de « vouloir ».

Toutes les formes verbales sont susceptibles d’être affectées de l’aspect volontatif.

Le volontatif se forme au moyen d’un préfixe au radical verbal « dju(m)- ».           

* La forme du préfixe sera « dju- » si le radical verbal commence par une consonne ou une semi-voyelle. Par contre, cette forme sera « djum- » si celui-ci débute par une voyelle.

            Ex :      koe Paris  jin djumirubá (je veux, j’ai envie, je souhaite vivre à Paris)

                       in mea djukiavakaliyir (il ne voulait plus dire bonjour)

                       va bata gola rin co-djumolgalicutul (tu voudrais bien dans l’avenir conquérir cette région)

 

6)    Le factitif

C’est l’aspect par lequel on indique que l’on fait faire telle. Notion de « faire ».

Toutes les formes verbales sont susceptibles d’être affectées de l’aspect factitif.

Le factitif se forme au moyen d’un préfixe au radical verbal « as(k)- ».           

* La forme du préfixe sera « as- » si le radical verbal commence par une consonne ou une semi-voyelle. Par contre, cette forme sera « ask- » si celui-ci débute par une voyelle.

L’aspect factitif fait intervenir un complément supplémentaire au verbe par rapport à l’aspect effectif. Ce complément qui représente la personne au profit de laquelle l’action est faite par un complément d’agent. Aussi est-il obligatoirement introduit par la préposition « gan » (par).

            Ex :      va aabre gan rin askestú (je te fais manger ta soupe)

                       gan in askestuyul (tu le faisais manger)

 

I :  Synthèse sur la notion de verbe

Dans les paragraphes précédents, nous avons passé en revue les différents éléments constitutifs d’un verbe Kotava et toutes les formes qu’il peut revêtir.

Il convient de retenir que, hormis le mode participe assez spécifique, le système verbal est empreint d’une très grande logique et d’une régularité absolue. Il n’existe aucune exception.

« rojú » (je défends), «  » (je suis) ou « estú » (je mange) constituent les formes les plus petites qu’on puisse rencontrer. Elles sont constituées de tous les implicites, c'est-à-dire :

- aspect Effectif

- voix Active

- mode Indicatif

- temps Présent

- sens Duratif

- état Positif

- 1ère Personne du singulier

- Radical du verbe

A l’opposé, une forme verbale comme « (in) al en zo co-rostayar » (il aurait vraiment pu être conduit) ne contient aucun implicite. Il faut l’analyser ainsi :

(in) al en zo co- ro STA ya r 

3ème Personne du singulier

suffixe du temps Passé

RADICAL du verbe

préfixe d’aspect Possibilitif

particule du mode Conditionnel

particule de la voix Passive

adverbe d’état Affirmatif

particule du sens Antérieur

Pronom personnel (facultatif)

On le voit, il existe un certain ordre entre tous ces éléments :

-          0 : pronom personnel

-          1 : sens

-          2 : état

-          3 : voix

-          4 : mode

-          5 : aspect

-          6 : radical

-          7 : temps

-          8 : personne

Un verbe transitif possède potentiellement au total 60840 formes verbales.

Un verbe intransitif, qui n’a que la voix active, en possède 15210.

Enfin, les verbes impersonnels ne disposent que de 480 formes.

 

J :  Verbes transitifs et verbes intransitifs

En Kotava, il existe des verbes transitifs et des verbes intransitifs. Ceux-ci ne se distinguent pas fondamentalement par leur seule forme des premiers, sauf s’ils sont affectés du suffixe intransitivant.

1)    Les verbes transitifs

Sont appelés verbes transitifs les verbes qui admettent des compléments d’objet et se construisent donc avec la préposition transitive « va ».

 

2)    Les verbes intransitifs

Ce sont les verbes qui contiennent l’idée complète de l’action en eux-mêmes et n’admettent donc pas de complément d’objet.

Les verbes intransitifs non-dérivés sont finalement assez peu nombreux, mais ne se distinguent pas par la forme des verbes transitifs. Tout au plus, notons leur importance parmi les verbes à radical final en « -e » ou « -u ».

Les verbes intransitifs dérivés proviennent des verbes transitifs auxquels on a ajouté un suffixe spécial.

On « intransitivise » un verbe transitif par l’intermédiaire du suffixe « –we » qui vient s’adjoindre au radical pour former un nouveau radical verbal.

            Ex :      BETA (changer)             à BETAWE (changer, devenir différent, sens intrans.)

                       TUEBELTA (noircir)         à TUEBELTAWE (noircir, devenir noir)

                       ESTU (manger)              à ESTUWE (s’alimenter)

                       FOLI (croire)                 à FOLIWE (être croyant)

Bien entendu, ce sera ce nouveau radical qu’il conviendra de prendre en compte pour construire toutes les formes verbales étudiées précédemment.

 

K : Les verbes impersonnels

Il existe en Kotava un certain nombre de verbes impersonnels.

Les verbes impersonnels sont des verbes incomplets. Ils ne sont présents qu’à l’aspect effectif, à la voix active, aux quatre modes et aux trois temps, aux cinq états et aux huit sens, mais simplement à la troisième personne du singulier employée sans pronom personnel.

Les verbes impersonnels ressortent de deux catégories : ceux qui expriment un état atmosphérique et ceux qui expriment une généralité impersonnelle. Dans les dictionnaires ils sont présents à la 3ème personne du singulier.

1)    Les verbes impersonnels d’état atmosphérique

abdar

faire humide

 

orikar

faire sombre

afizar

faire jour

 

rodar

faire sec

aftar

faire clair

 

rotar

faire mauvais

awaltar

faire du soleil

 

rubixar

faire de la bruine

brar

faire de la brume

 

rujodar

faire des nuages, être nuageux

fedar

faire frais

 

selar

faire du brouillard

fentar

faire froid

 

selekar

tonner

idular

faire chaud

 

sukar

faire du vent

kiewar

faire bon

 

taelar

faire de la lune

koafimar

faire des éclairs

 

tapar

geler, faire du gel

mielar

faire nuit

 

xeftoar

faire de l’orage

muvar

pleuvoir          

 

zakodar

faire tiède

noldar

neiger

 

zijnar

faire doux

onotcar

faire de la grêle, grêler

 

zivotcar

faire de la tempête

 

2)    Les verbes impersonnels de généralité

Contrairement aux précédents, ces verbes ne sont pas exclusivement impersonnels. Ils ne le sont que lorsqu’ils sont employés avec la conjonction « da » (que). Ce sont :

alar da

s’agir de, falloir que

 

 

 

dilizer da

arriver que, se trouver que

 

 

 

dojeniar da

convenir que, être bien que

 

 

 

fistir da

falloir que, être obligatoire que

 

 

 

gonir da

être nécessaire que

 

 

 

nuvelar da

sembler que, paraître que

 

 

 

rotir da

se pouvoir que, être possible que

 

 

 

tir da

se trouver que, arriver que

 

 

 

 

L : Les verbes d’état

Ces verbes, d’essence intransitive, introduisent des attributs qualificatifs. Ils sont en très petit nombre en Kotava. Ce sont :

awalké

mourir

 

nuvelé

faire semblant d’être

bevulá

passer pour

 

être

folkí

se croire

 

trená

continuer d’être

ilpí

cesser d’être

 

vanpí

devenir

nasbalá

naître

 

zavzá

rester, demeurer

nuvelá

sembler, paraître

 

 

 

 

M : Les verbes de sensation

Ces verbes sont intransitifs. Ils sont dérivés de substantif et ont un radical avec une terminaison caractéristique en « -e ». Ce sont :

aelé

avoir faim

 

miavé

avoir la migraine

akolé

être malade

 

modé

avoir sommeil

aundé

avoir du dépit

 

molé

avoir de l’appétit

awalké

mourir

 

mulufté

décéder, mourir

bidgé

être illusionné, avoir des illusions

nigé

avoir du chagrin

bogé

avoir de la haine

 

nizdé

avoir des manies

boré

pleurer

 

ové

avoir raison

broyé

être superstitieux

 

pilkandé

avoir de l’amour propre

coré

avoir des visions

 

puidé

avoir de la peine

cué

être fatigué

 

polé

être angoissé, avoir de l’angoisse

dezé

avoir des crampes

 

relé

être dans le coma

djoré

avoir des tics

 

rieté

avoir des idées

fenté

avoir froid

 

roklé

être dans l’erreur, se tromper

fogré

avoir du vice

 

roté

avoir mal

folixé

avoir la foi

 

galé

être en bonne santé

forndé

avoir de la compassion

 

setré

faire des cauchemars

gesté

avoir de l’imagination

 

sfiannué

avoir des rhumatismes

jlatodé

avoir un cas de conscience

 

sidjé

avoir des remords

kiewé

être bien

 

siputé

avoir soif

kiové

avoir tort

 

sundé

avoir des réflexes

kipé

rire

 

tacoké

avoir des fantasmes, fantasmer

kloké

rêver

 

veté

avoir un cancer

konjoté

défaillir, avoir un malaise

 

vorvé

avoir des spasmes

kontegé

être ému

 

vozé

avoir de la fièvre

kranavé

avoir des douleurs

 

vudé

avoir peur

krelé

avoir des courbatures

 

wabergé

être traumatisé

krezé

s’évanouir

 

waeské

avoir des tics

kublé

avoir la vocation

 

wegayé

avoir des scrupules

laoné

avoir des hallucinations

 

wendé

être en extase

lité

avoir des impressions

 

wolgé

avoir une tumeur

namié

avoir de la mémoire

 

zidé

être en colère

 

N : Les verbes de mouvement

Il existe en Kotava un certain nombre de verbes qui sont susceptibles d’entrer en composition avec n’importe quelle préposition locative (et celle-ci à n’importe quelle forme). Cf. infra pour la liste de ces prépositions.

Ces verbes, appelés verbes de mouvement, deviennent alors transitifs et construisent donc leurs compléments d’objet par l’intermédiaire de la préposition « va ». L’idée locative reste entièrement contenue dans la préposition préverbalisée.

Ces verbes de mouvement sont :

debanhá

s’asseoir

 

ranhá

se mettre debout

kildé

glisser

 

senhá

se coucher, s’allonger

lakí

aller (sur une monture animale)

 

talá

voler

laní

aller (à pied)

 

terigé

ramper

lapí

aller (par un moyen mécanique)

 

vulté

courir

pujé

nager

 

 

 

            Exemples de compositions verbales avec verbe de mouvement :

                       va mona jin kolaní (j’entre dans la maison)

                       va widava in remtalar (il traverse la ville en volant)

                       in malvulter (il part en courant)

 

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